Les S’aoch, une minorité ethnique en sursis
Le vacancier pressé qui se rend à Kompong Som traversera sans s’arrêter le village de Veal Renh, au carrefour des routes de Kampot et de Kompong Som.
Pourtant, le voyageur un peu curieux aurait la surprise de découvrir quelques kilomètres plus loin des panneaux mentionnant les polders de Pre Nup dont la conception revient initialement à une certaine Madame Donnadieu qui s’était vu attribuer ces terres incultivables par un fonctionnaire peu scrupuleux. L’escroquerie a quand même eu du bon pour notre histoire littéraire puisque Marguerite Germaine Marie Donnadieu, plus connue sous le nom de Marguerite Duras, tirera de cet épisode de sa jeunesse la trame de « barrage contre le pacifique ».
Notre voyageur ne soupçonnera pas que, près des restes de la maison de Marguerite Duras, vit une des plus anciennes minorités du Cambodge : les S’aoch.
Les étrangers n’ont pas le monopole de cette ignorance car les Cambodgiens qui vivent aux alentours en méconnaissent tout autant l’existence ; en 1997, l’auteur de ces lignes, dans l’incapacité de les localiser, eu l’idée saugrenue de s’informer à Veal Renh et s’entendit systématiquement répondre : « Ils sont tout petits et tout noirs, ils vivent très loin dans la forêt et ils habitent dans des arbres… ». Au bout d’une journée et sur le point d’abandonner, il finit par rencontrer une commerçante chinoise qui, sur le ton de l’évidence, lui indiqua le village de Samrong Leu à moins d’un kilomètre de là.
Un peu plus d’une centaine de S’aoch y vivaient dans des conditions on ne peut plus précaires et qui n’ont guère changé aujourd’hui : des habitations sur pilotis aux murs et aux toitures en feuilles de latanier sans style autre que celui de la misère, une seule pièce qui remplit selon les heures les rôles de cuisine, salle à manger et chambre à coucher pour toute la famille, des individus méfiants à la vue d’étrangers et qui interrogent du regard le chef khmer du village avant de répondre à des questions…En pénétrant dans le village, ce qui frappe de prime abord est l’absence de vie communautaire, un peu comme si des individus et des familles avaient été arbitrairement transplantés en des lieux qu’ils ne se sont jamais vraiment appropriés. Nos enquêtes ont par la suite confirmé que, de mémoire d’homme, les S’aoch ne sont pas originaires de Samrong Leu, mais de Long Lè, un village, aujourd’hui abandonné, situé à quelques kilomètres dans les polders et dont le destin a été définitivement scellé à l’époque du Kampuchéa Démocratique (1975 - 1979). En 1979, les S’aoch se sont donc installés dans un village à majorité khmère, profitant ici et là des espaces vacants pour construire leurs habitations et y attendre avec résignation la mort de leur communauté.
Avant l’histoire
A défaut de documents écrits, il nous reste, pour la période la plus ancienne, leur langue qui est une mine d’enseignements quand on la compare avec d’autres langues apparentées. Les petites taches que l’on distingue sur la carte représentent les langues du groupe linguistique « péarique » et auquel appartient la langue S’aoch. Toutes les langues péariques sont parlées sur les territoires actuels du Cambodge et de la Thaïlande. Sans être inter compréhensibles aujourd’hui, ces langues présentent un haut degré d’apparentement qui permet de conclure à une ramification récente à partir d’un tronc commun : cette séparation, sans être précisément datable, n’excède probablement pas 1500 ans.
Il est ainsi du plus haut intérêt d’examiner le lexique de la langue S’aoch. On peut, par exemple, constater que le S’aoch possède un vocabulaire important sur les techniques de pêche et la faune maritime et cela nous autorise à conclure à un contact direct et prolongé avec la mer d’où les S’aoch devaient autrefois tirer une part importante de leur alimentation, alors qu’aujourd’hui, à l’exception de la pêche en rizière, il n’est guère question que de riziculture, de petits vergers et potagers. La description de ces langues en est encore à ses débuts et, dans un avenir proche, on pourra avancer des données beaucoup plus précises.
Les premiers témoignages
La première mention historique non pas directement des S’aoch, mais de peuples très proches, nous vient de Zhou Da Guan et de ses « Mémoires sur les coutumes du Chenla ». Ce texte, passionnant témoignage sur la vie quotidienne du Cambodge au 13ème siècle, nous parle un peu des Chong (c’est par ce terme que les S’aoch se désignent) dont l’activité urbaine exclusive, peu valorisante, consiste en la domesticité de maison. Considérés comme impurs et méprisés par leurs maîtres, ils ne peuvent coucher que sous la maison et les relations avec les femmes Chong sont vues comme dégradantes. Ce commentaire anodin nous en dit en fait long sur l’origine du terme « péarique » et ses acceptions sociales. Un peu d’étymologie nous aidera à y voir clair : Le terme de « péarique », qui désigne ce petit groupe de langues, a été forgé par des chercheurs européens du 19ème siècle car ces populations leurs avaient été qualifiées ou se qualifiaient elles-mêmes de poa(r) qui en khmer contemporain signifie « couleur » et qui se prononce encore dans quelques régions de l’ouest du Cambodge avec un son « r » final ; on s’était donc accoutumé à l’idée que cette dénomination provenait du teint foncé des membres des ethnies péariques. En fait, les choses sont plus compliquées car le mot khmer « poar » vient du Sanscrit « varna » qui signifie « couleur » mais aussi « caste ». Il semble donc que, dès leur entrée dans l’histoire, les Chong sont marqués par un phénomène d’exclusion sociale, également confirmée par des textes ultérieurs.
Un saint chez les S’aoch
Entre Zhou Da Guan et le 19ème siècle, il n’existe aucun document écrit. La première véritable description moderne dont nous disposons est celle qu’en fit le P. Gagelin et qui sera publiée en 1830 dans les « annales de la propagation de la foi » ainsi que dans une lettre datée de la même époque. Il ne s’agit pas d’un témoin ordinaire car l’auteur, condamné à mort sous le règne de l’empereur du Vietnam Minh Mang, subira le supplice de la cangue en 1833. Canonisé le 19 juin 1988, il est désormais connu comme Saint François Isidore Gagelin. L’entrée en matière de sa description n’est pas sans rappeler la mésaventure de notre linguiste survenue plus de 150 ans plus tard : « A une journée et demie de Hatien se trouve, sur les montagnes en remontant le golfe du Siam, un peuple très sauvage dont on raconte plusieurs choses extraordinaires. Tout le monde m’assurait que ces sauvages avaient une queue. Je ne fus pas longtemps sans reconnaître la fausseté de cette fable ridicule. Comme il y a près de là dans les bois une espèce de singes fort ressemblant à l’homme... c’est peut-être ce qui a donné lieu à cette fable ». Cette première description, qui fait état d’une population de 400 personnes, met l’accent sur l’isolement des S’aoch et des difficultés à les approcher. Leur mode de subsistance est décrit comme des plus rudimentaires sans être cependant vécu avec le sentiment d’un manque. Ce qui ne manquera pas d’intérêt est l’insistance constante du P. Gagelin sur leur désintérêt absolu du monde extérieur : l’écriture, la monnaie et bien sûr… la religion chrétienne.
L’inévitable Adhémar Leclère
Une deuxième description est due à la plume de Adhémar Leclère dans les années 90 du 19ème siècle alors qu’il était résident de France en poste à Kampot. Il s’agit cette fois d’une véritable description ethnographique où sont passés en revue les différents aspects de la vie des S’aoch, de la naissance à la mort. Le texte d’Adhémar Leclère est essentiel en ce qu’il fourmille de détails sur des traditions S’aoch disparues, par exemple sur la demande en mariage : « Quand un homme désire prendre une jeune fille en mariage, il se procure une marmite ou bien un nœud de bambou, remplit ce vase d’eau très pure et va le déposer dans la case de la jeune fille. Si celle-ci emploie l’eau à son usage personnel, c’est qu’elle accepte le prétendant. Si elle n’emploie pas l’eau, le pauvre n’a qu’à aller porter sa cruche et sa flamme ailleurs ». La description de leurs croyances est par contre très rudimentaire car l’auteur part vraisemblablement d’une définition chrétienne du fait religieux : « Les Sâauch n’ont aucune idée de la vie future, aucune notion d’un être supérieur, et ne prient ni dieu ni génie ». Il est également piquant de lire que « j’ai complété les renseignements que j’avais déjà et voici ce que j’ai appris de mœurs sur le point de disparaître de cette éprouvée et pauvre petite tribu des Sâauch ». En fait, la « pauvre petite tribu » devait survivre jusqu’à aujourd’hui et nous verrons que sa disparition, désormais inéluctable, tient à d’autres facteurs que sa faiblesse numérique.
D’autres textes mentionnent également les S’aoch, dont ceux de Bastian (1868), de Pavie (1910), de Ménétrier (1926) et de Baradat (1941). L’étude de Baradat contient un petit texte sur les S’aoch qui reprend et complète les données des autres auteurs ainsi que de superbes photos et des passages de littérature orale aujourd’hui directement inaccessibles.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, la population s’aoch s’élève à 110 personnes. Beaucoup sont nés à Long lè, village désormais fantôme où des traces rectangulaires noircies laissent deviner les emplacements des maisons. La vie à Long Lè est encore dans les mémoires et nos interlocuteurs les plus âgés se souviennent des évènements et cérémonies qui, rythmant l’existence, lui donnaient une âme et qui ont disparu à tout jamais.
A nos questions, le contenu des réponses est désespérément invariable: avant et maintenant…Les quelques extraits qui suivent en disent long :
« Nos fêtes sont proches des fêtes khmères, juste un tout petit peu différentes car nous avons un chef coutumier. Les anciens y participent et organisent les préparations afin, par exemple, d’offrir de l’alcool au chef coutumier, ce qui est une marque de considération. Mais aujourd’hui, il n’y a pas d’argent et d’organisation du rituel, alors ces cérémonies se sont progressivement éteintes. Elles sont sur le point de disparaître complètement ».
« A l’époque, on cultivait le riz, les légumes et les fruits. Aujourd’hui nous n’avons ni rizières, ni vergers, ni potagers. Les gens, de plus en plus vieux, ne peuvent plus gagner leur vie comme avant. Avant on demandait aux personnes âgées d’acheter du vin et d’apporter de la nourriture pour nous réunir en fête et on faisait des offrandes aux dieux, mais je ne sais même plus comment les dieux s’appelaient ».
« A Long Lè, autrefois, il y avait des gens qui chantaient le soir et à l’occasion des fêtes, on chantait dans notre langue, mais aujourd’hui, on a abandonné la chanson parce qu’on n’ose plus. Il n’y a plus personne qui ait envie de chanter dans notre langue et nous n’y arrivons plus ».
« Autrefois il y avait des danses particulières comme la danse de la palanche, la danse du pilon, de l’arbalète, de l’arc et des danses comme chez les Khmers, mais on chantait dans notre langue ».
« Au moment de la naissance, il y avait une cérémonie d’offrandes aux esprits, une danse qui imite le port de la palanche, des chansons, on jouait du tro, aujourd’hui cette cérémonie n’existe plus, sa fin remonte à l’époque des 3 ans 3 mois ».
L’homme nouveau
Cette formule lapidaire « l’époque des 3 ans 3 mois » désigne chez notre interlocuteur le régime des Khmers Rouges et, beaucoup plus précis, il déclare : « A l’époque de Lon Nol, il y a eu un grand changement, mais cela n’a pas affecté la vie des gens. On a continué à cultiver la rizière et le Chamka (ce terme désigne un espace agricole où l’on cultive un peu de tout, à l’exception du riz) jusqu’à l’époque de Pol Pot, là les choses ont vraiment changé pour nous ».
Les S’aoch, à l’instar des autres Cambodgiens, ont alors été sommés de
devenir des hommes nouveaux. Dans une première période, on les astreint à des travaux titanesques, comme par exemple la construction d’une fameuse digue sur les polders qualifiée à posteriori de « digue Pol Pot ». Chez tous nos interlocuteurs, deux thèmes reviennent inlassablement : la sous alimentation et l’interdiction de s’exprimer dans leur langue. Une deuxième période voit la déportation de la presque entière population S’aoch au quatre coins du pays : « J’ai dû partir de Samrong Kraom, séparé de ma famille et ai été envoyé dans la province de Batdambang. D’autres ont été envoyés à Kompong Spoeu, d’autres encore à Kompong Chhnang. A Long Lè, il n’est plus resté personne. Certains ont aussi été envoyés à Ream, d’autres à Pre Nup, en tout cas ils ont tous été séparés ».
A la faveur des évènements de 1979, les survivants reviennent, généralement à pieds, à leur village d’origine où il leur est désormais impossible d’habiter. L’actuel chef cambodgien du village (il existe aussi un chef coutumier) nous en a donné l’explication suivante : « Parce que Long Lè était isolé, la forêt avait poussé partout et il était trop difficile d’y vivre. Il n’y avait pas d’eau pendant la saison sèche, seulement pendant la saison des pluies. En 1979, les familles, déplacées dans tout le pays, sont parties à la recherche des survivants et sont arrivées ici, petit à petit, jusqu’en 1980. En plus, il n’y avait pas de sécurité à cause des Khmers Rouges ».
Une adaptation précaire
A Long Lè, beaucoup de familles S’aoch étaient propriétaires de terres qui, disent-elles, leur avaient été données par le Roi. A Samrong Leu, les S’aoch n’ont eu et n’ont toujours d’autre choix que de vendre leur force de travail à la condition de trouver preneur. C’est donc de toute la base économique nécessaire à son existence communautaire qu’un groupe ethnique va être privée. Les S’aoch, communauté numériquement réduite, vivaient il n’y a pas si longtemps sur un mode quasi autarcique. Ils sont désormais, dans leur vie
quotidienne et à leur désavantage, confrontés aux Khmers et ne manquent pas de l’exprimer à propos de leur ethnonyme : « S’aoch » est un terme khmer dont ils ont probablement été affublés à une époque lointaine et qui désigne une maladie de la peau, alors que l’ethnonyme par lequel ils se désignent entre eux est « Chu’ung ». Par contre, devant des étrangers, ils se qualifient de « Khmers deum » (Khmer de l’origine) et cela est un moyen de conjurer un sentiment d’infériorité : « On ne veut pas employer ce mot parce qu’il est rabaissant. Nous ne sommes pas riches et nous vivons comme des malheureux, c’est pour dire ça qu’on utilise le mot « S’aoch ».
La question de la langue est des plus complexes. On pourrait s’attendre à ce que les structures de leur langue se soient progressivement khmérisées au rythme d’un contact prolongé avec les khmers, comme le montre très souvent l’analyse des rapports entre langue majoritaire et langue minoritaire. Il n’en a rien été à cause de la brutalité de « l’adaptation » et la connaissance de leur langue demeure intacte, comme congelée, chez les locuteurs de plus de 40 ans, même s’ils ne l’utilisent plus qu’en de rares occasions. L’explication première en semble être l’interdiction de s’exprimer en S’aoch à l’époque des Khmers rouges : « A cette époque, nous avons perdu le droit de parler notre langue maternelle. C’est la raison pour laquelle nous avons été détruits ». Aux effets de cette interdiction, se sont ajoutés, dans les années 80, le sentiment d’une infériorité sociale et économique qui entraîne souvent, faute de mieux, un rejet de ses propres origines : « Aujourd’hui, il n’y a quasiment personne qui utilise notre langue maternelle parce que ça n’a plus aucun intérêt et ceux qui ont de l’argent utilisent le Khmer. Quelquefois, il nous arrive quand même de nous exprimer dans notre langue mais nous le faisons strictement entre nous, quand il y a des Khmers nous ne parlons que khmer ». De fait, les enfants ne la parlent plus guère : « Pour ce qui est des enfants, ils connaissent aussi un peu la langue, mais ils sont comme bloqués. Ils ne la parlent pas correctement ;quand ils parlent en s’amusant entre eux, ils se comprennent, mais ils n’emploient que des mots de base. La raison pour laquelle les jeunes ne savent pas notre langue, c’est qu’il n’y a personne pour la leur enseigner».
Une communauté en sursis
On comprendra aisément que les autres manifestations de leur personnalité communautaire aient été purement et simplement gommées et que leurs traditions, qu’évoque Adhémar Leclère et qu’on pratiquait il n’y a pas si longtemps dans le village de Long Lè, n’aient plus aucune raison d’être.
Les S’aoch constituent l’exemple frappant d’une minorité dont la faiblesse numérique n’a pas menacé la survie pendant des siècles et qui nous engage à aller chercher ailleurs les causes de sa disparition prochaine. L’isolement, qui a été le leur pendant des siècles et qu’évoquent les auteurs que nous avons cités, a toujours été très relatif, témoin les nombreux emprunts lexicaux au Khmer à différentes époques. Chez les S’aoch, comme chez la plupart des autres minorités du Cambodge, le terme « isolement » doit plutôt se comprendre comme une large autonomie résultant de la domination d’un espace qui a constitué le cadre géographique et économique de leur existence et dans lequel le groupe ethnique a disposé des moyens de sa survie communautaire. A l’époque moderne, cet espace va immanquablement être confronté à des contraintes nouvelles, économiques et démographiques, qui constituent des menaces pour les ethnies minoritaires.
En général, deux cas de figures peuvent alors être pris en considération sur la base de notre connaissance des minorités ethniques : début d’un processus de disparition de l’ethnie comme c’est souvent le cas, mais aussi mise en place de stratégies d’adaptation dont on peut rencontrer des exemples dans toute l’Asie du Sud Est.
La situation des S’aoch est bien différente en ce qu’il seront confrontés à un des types les plus achevés de brutalité politique qui gommera d’emblée leur langue et leur personnalité communautaire sans lésiner sur les procédés de coercition.
La suite est bien connue et hélas trop classique : l’impossibilité de se conjoindre favorablement à un espace conduit à un rejet, souvent violent, de ses propres valeurs, comme en témoigne un de nos interlocuteurs : « Les jeunes ne veulent plus entendre parler des S’aoch, ils veulent apprendre à parler et à écrire le khmer pour avoir un travail et bien gagner leur vie, avoir une moto, une voiture, une maison en pierre comme les autres. C’est pourquoi, les jeunes haïssent le mot S’aoch ».
Il n’existe donc plus guère qu’un groupe d’individus sans liens identitaires digne de ce nom. Comme dans beaucoup de situations de ce type, et on le constate aussi chez d’autres minorités ethniques, rivalités et querelles se multiplient. Ainsi, avant de commencer un travail de description de la langue, l’auteur de ces lignes s’est vu énumérer, par les membres de la famille qui l’avait accueilli, les noms des villageois avec lesquels il ne fallait surtout pas travailler.
Un futur ?
Face à la disparition d’une part de plus en plus considérable du patrimoine culturel et linguistique de l’humanité, des stratégies de sauvegarde ont été mises. On peut en gros les ramener à deux types d’action: description et revitalisation. La mise en place d’une stratégie de revitalisation se traduira, par exemple, par la création d’infrastructures notamment dans le domaine éducatif afin de préserver l’usage de la langue et de la culture minoritaires. Il n’est guère besoin de démontrer qu’une tentative de revitalisation de la langue ou des traditions s’aoch serait vouée à l’échec. Il ne reste donc qu’une description en profondeur de la langue et des quelques pratiques culturelles qui demeurent avant que l’oubli n’accomplisse son œuvre.
Jean-Michel Filippi